La socialisation liée au genre réfère au processus par lequel les enfants apprennent les attentes sociales, les attitudes et les comportements typiquement associés aux garçons et aux filles. Ce thème propose de mieux comprendre ce processus de socialisation et ce qui influence le développement du genre chez l’enfant.

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Genre : socialisation précoce

Genre : socialisation précoce : garçons et filles - Deux mondes à part?
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Synthèse

Éditeur au développement du thème : Carol L. Martin, Ph.D., Arizona State University, États-Unis — Les déclarations contenues dans ces publications sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les politiques ou les points de vue de l'UNICEF.
Les déclarations contenues dans ces publications sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les politiques ou les points de vue de l'UNICEF.

Thème financé par :

UNICEF

Est-ce important?

La socialisation liée au genre1 réfère au processus par lequel les enfants apprennent les attentes sociales, les attitudes et les comportements associés à chaque genre. Lorsque les enfants prennent conscience de leur propre genre, ils portent davantage attention aux informations qu’ils reçoivent à ce sujet et particulièrement aux personnes modèles qui appartiennent au même genre qu’eux. Cette conscience de leur propre genre, combinée au fait que de multiples sources de socialisation, comme les parents, les frères et sœurs ainsi que les pairs, exposent très tôt les enfants à plusieurs informations sur le sujet, a des conséquences immédiates sur leurs attitudes et leurs comportements envers les individus de chaque sexe. Par exemple, les enfants peuvent adopter des attitudes favorables envers leur propre genre (ou encore des sentiments plus positifs envers les individus qui appartiennent au même genre qu’eux) et des comportements discriminatoires envers l’autre genre (en préférant interagir seulement avec des individus de leur propre genre). Cette ségrégation selon le genre, qui peut être soutenue par les adultes, est le plus souvent choisie par les enfants eux-mêmes et peut devenir problématique, puisque les enfants doivent être en mesure de fonctionner dans des milieux mixtes (par exemple, la garderie ou l’école). Les enfants développent des habiletés pour interagir avec des pairs du même genre que le leur, mais leur capacité à créer des liens avec le genre opposé est plus limitée. En conséquence, il est important d’offrir aux jeunes enfants des opportunités de jouer dans des groupes mixtes pour les aider à développer des relations interpersonnelles positives avec des pairs des deux sexes dans différents contextes. 

Que savons-nous?

Le genre est l’une des premières catégories sociales dont les enfants sont conscients. Vers l’âge de trois ans, ils savent à quel genre ils appartiennent. Ils commencent aussi à connaître les stéréotypes culturels liés au genre et ainsi à savoir que certains comportements, activités, jeux et champs d’intérêt sont typiques des garçons ou des filles. Bien que les enfants jouent un rôle actif dans le développement de leur genre, leurs connaissances à ce sujet proviennent de plusieurs sources de socialisation, dont les parents, les pairs et les enseignants. 

Les parents 

Ce sont les parents qui offrent aux enfants leurs premières leçons sur le genre. Bien que les attitudes favorables à l’égalité des sexes se soient répandues dans plusieurs cultures au fil des dernières décennies, les parents, et particulièrement les pères, ont typiquement des attentes différentes envers leurs fils et leurs filles en ce qui concerne les traits de personnalité, les habiletés et les activités pratiquées. Les rôles des parents à l’intérieur et à l’extérieur du foyer familial influencent aussi la conception des rôles sexuels que développent les enfants. De nos jours, la plupart des mères occupent un emploi à l’extérieur du foyer alors que les pères sont de plus en plus impliqués dans l’éducation des enfants et les tâches domestiques. Il est intéressant de noter que les enfants élevés par des parents homosexuels ou qui voient leur père s’impliquer dans leur éducation semblent moins susceptibles de perpétuer des stéréotypes sexistes. De plus, la participation du père aux tâches domestiques et/ou à l’éducation des enfants est associée à une moindre probabilité de violence envers les enfants.2 Finalement, les parents renforcent les stéréotypes sexistes lorsqu’ils offrent des jouets différents à leurs fils et à leurs filles ou lorsqu’ils émettent devant eux des énoncés descriptifs généralisateurs sur chaque genre (par ex., « les filles aiment les poupées alors que les garçons aiment le football »). 

Les pairs

Une autre importante voie d’apprentissage sur le genre passe par les interactions des enfants avec leurs pairs. Pendant la petite enfance, les enfants préfèrent jouer avec des pairs qui partagent des intérêts similaires aux leurs ou du moins qui semblent partager ces intérêts selon leur perception. Ils sont ainsi plus susceptibles d’être socialisés par des pairs appartenant au même genre qu’eux. En compagnie de leurs amis, les enfants apprennent ce qui est approprié pour chaque genre, de manière directe ou indirecte. Par exemple, ils apprennent des stéréotypes sexistes par les commentaires explicites de leurs pairs (par ex., « les filles doivent porter leurs cheveux longs alors que les garçons doivent les porter courts ») et/ou leurs réactions négatives lorsqu’ils ne se montrent pas eux-mêmes conformes aux attentes sociales exprimées envers leur genre. De la même façon, les enfants adoptent plus de comportements stéréotypés caractéristiques de leur genre (typiquement masculins ou typiquement féminins) lorsqu’ils passent plus de temps à interagir avec des pairs de leur propre genre.   

Les enseignants/l’école

En plus des parents et des pairs, les enseignants constituent une autre source de socialisation liée au genre. Comme les parents, les enseignants peuvent avoir des attentes différentes envers chaque genre, offrir en exemple aux enfants certains rôles liés au genre et renforcer les comportements stéréotypés des filles et des garçons de leur classe. Par exemple, les éducateurs peuvent renforcer les stéréotypes sexistes en étiquetant et séparant les enfants selon leur genre dans les activités de groupe ou en créant des centres d’activité différents pour les filles et les garçons. Cette ségrégation par le genre met l’accent sur celui-ci comme catégorie sociale, renforce les stéréotypes sexistes et favorise l’évitement des pairs du sexe opposé. 

Bien qu’il soit clair que les parents, les pairs et les enseignants socialisent les enfants de manière à ce qu’ils pensent et agissent d’une manière caractéristique de leur genre, le développement des enfants est aussi influencé par des facteurs biologiques, comme les hormones sexuelles, qui influencent les préférences des enfants pour certaines activités. Ainsi, la meilleure conception du développement du genre pourrait être de le considérer comme le résultat de l’interaction entre la socialisation et des facteurs biologiques.

Que peut-on faire?

On encourage les parents et les intervenants à offrir aux jeunes enfants une grande variété de jouets et activités. On recommande également aux parents et aux enseignants de créer des environnements de jeux où les enfants peuvent interagir de manière positive avec des pairs des deux sexes. Ceci pourrait aider les enfants à développer la capacité d’interagir efficacement dans des groupes mixtes et à acquérir une meilleure compréhension des différences et similarités entre les genres. Par ailleurs, on encourage fortement les parents, éducateurs et intervenants à porter attention aux croyances teintées de stéréotypes exprimées par les enfants sur chaque genre, puisque ces croyances pourraient favoriser des comportements et attitudes négatifs envers le genre opposé. Une solution pour les contrer pourrait être d’exposer les enfants à des modèles qui vont à l’encontre des stéréotypes (par ex., une joueuse de hockey ou un infirmier) ou encore de leur enseigner qu’être une fille ou un garçon signifie davantage que de simplement être jolie ou savoir jouer les durs. Dans cette optique, on recommande aux parents et aux éducateurs de discuter des stéréotypes sexistes avec les enfants et de les confronter (par ex., « les filles peuvent aussi être excellentes au soccer »). Toutefois, bien qu’il soit recommandé de remettre les stéréotypes en question, les interventions les plus efficaces pourraient être celles qui minimisent l’importance du genre des enfants et non celles qui mettent l’accent sur celui-ci. Finalement, on encourage les décideurs politiques en matière d’éducation à insister sur l’importance des environnements scolaires mixtes et, ce faisant, à promouvoir des attitudes et comportements axés sur l’égalité des genres, plutôt que de favoriser les écoles réservées exclusivement aux filles ou aux garçons. 

Références 

  1. Barker G. 2006. Presented at United Nations Division for the Advancement of Women (DAW), in Collaboration with UNICEF, Expert Group Meeting: Elimination of all forms of discrimination and violence against the girl child, September 25-28. Florence, Italy: UNICEF Innocenti Research Centre (EGM/DVGC/2006/EP.3). URL: http://www.un.org/womenwatch/daw/egm/elim-disc-viol-girlchild/ExpertPapers/EP.3%20%20%20Barker.pdf. Page consultée le 23 décembre 2013.
  2. Contreras M, Heilman B, Barker G, Singh A, Verma R, Bloomfield J. Bridges to adulthood: Understanding the lifelong influence of men’s childhood experiences of violence. Analyzing data from the International Men and Gender Equality Survey (IMAGES). Washington, DC: International Center for Research on Women (ICRW) and Rio de Janeiro: Instituto Promundo. April 2012. URL: http://www.promundo.org.br/wp-content/uploads/2012/04/Bridges-to-Adulthood.pdf. Page consultée le 23 décembre 2013.
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Par exemple, certaines différences entre des garçons et des filles typiques peuvent s’expliquer par les répercussions des gènes sur les chromosomes sexuels et par le niveau d’hormones sexuelles et leurs effets sur le cerveau pendant le développement en début de vie (p. ex., exposition prénatale à des niveaux élevés d’hormones mâles). Les changements hormonaux perdurent jusqu’à la puberté et l’âge adulte. 

Toutefois, la socialisation peut également jouer un rôle en amplifiant ou en contrebalançant les influences biologiques. Par exemple, les filles exposées à des niveaux élevés d’hormones mâles avant la naissance s’intéressent plus aux activités « de garçon », mais la socialisation peut les obliger à adopter des comportements plus « féminins ».

Publications

Les multiples influences sur le développement du genre : un commentaire sur Hanish & Fabes; Leaper; Bigler, Hayes & Hamilton, et Halim & Lindner

Tempérament

Développement de l’enfant et les circuits émotionnels du cerveau des mammifères

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Très tôt, les jeunes enfants peuvent déjà faire la différence entre garçons et filles, et, vers l'âge de trois ans, ils savent déjà à quel genre ils appartiennent.

La meilleure façon dont les adultes peuvent contribuer au développement du genre chez l'enfant est en :

  • les exposant à toutes sortes de jouets et d'activités qui conviennent aux filles comme aux garçons, ainsi qu'à des modèles qui vont à l'encontre des stéréotypes, comme des infirmiers ou des policières;
  • créant des environnements de jeux qui soient à la fois attrayants pour les garçons et les filles;
  • évitant de véhiculer des idées stéréotypées et en confrontant les préjugés et les stéréotypes sexistes des enfants;
  • faisant en sorte que les enfants aient bien des occasions d'interagir et d'apprendre aussi bien des garçons que des filles en participant à des activités de groupes mixtes.  
  • laissant les jeunes enfants explorer d'autres rôles.
Publications

L’effet de la socialisation par les parents sur le genre des enfants

La socialisation de genre par les pairs chez le jeune enfant

L’auto-socialisation des garçons et des filles pendant la petite enfance

Ressources et bulletins

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