Si le jeu constitue un droit légitime de l’enfance, c’est qu’il représente un aspect crucial du développement physique, intellectuel et social de l’enfant. Ce thème vous aidera à comprendre les bienfaits du jeu et pourquoi il doit faire partie intégrante de l’éducation des jeunes enfants.
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Jeu
Le jeu : une façon naturelle d’apprendre
Synthèse
Est-ce important?
Le jeu constitue une activité spontanée, volontaire, amusante et flexible qui fait appel au corps, aux objets et aux symboles ainsi qu’aux liens entre eux. Contrairement aux jeux, le « comportement lié au jeu » est moins organisé et est généralement adopté pour le plaisir (c’est-à-dire que le processus est plus important que les objectifs ou les résultats). Reconnu comme un phénomène universel, le jeu constitue un droit légitime de l’enfance et tous les enfants devraient pouvoir l’exercer. Les jeunes enfants allouent de 3 % à 20 % de leur temps et de leur énergie à jouer et les jeunes des milieux aisés, encore plus. Bien que le jeu représente un aspect important de la vie des enfants qui entraîne des avantages à court, à moyen et à long terme, les facteurs culturels ont une influence sur les possibilités que les enfants ont de pouvoir jouer librement de diverses façons. Au cours de la dernière décennie, les activités récréatives ont de plus en plus laissé place aux instructions éducatives, surtout dans les sociétés modernes et urbaines. De plus, les inquiétudes des parents à l’égard de la sécurité limitent les possibilités que les enfants ont de prendre part à des activités amusantes et créatives. Dans le même ordre d’idées, la hausse des jouets commerciaux et des développements technologiques de l’industrie du jouet a entraîné des comportements liés au jeu plus sédentaires et moins sains chez les enfants. Malgré tout, le jeu doit faire partie intégrante de l’éducation des jeunes enfants et le temps qui y est consacré ne devrait pas être réduit et éliminé subitement au profit de l’apprentissage. Le jeu permet aux enfants de développer leurs aptitudes avant d’apprendre à lire et à écrire, leurs aptitudes de résolution de problèmes et leur concentration, mais il génère également des expériences d’apprentissage social et il aide les enfants à exprimer le stress et les problèmes potentiels.
Que savons-nous?
Tout au long des années préscolaires, les jeunes enfants jouent à différents jeux, notamment des jeux sociaux, parallèles, impliquant des objets, sociodramatiques et locomoteurs. La fréquence et le type de jeu varient selon l’âge, la maturité cognitive, le développement physique et le contexte culturel de l’enfant. Par exemple, les enfants ayant des limitations physiques, intellectuelles et linguistiques adoptent des comportements liés au jeu, mais ils peuvent éprouver des difficultés à jouer à certains jeux et nécessiter ainsi une plus grande supervision de la part des parents, comparativement aux enfants qui grandissent normalement.
Le jeu social est généralement le premier type de jeu auquel les jeunes enfants participent. Le jeu social est caractérisé par des interactions amusantes avec les parents (jusqu’à l’âge de 2 ans) ou d’autres enfants (dès l’âge de 2 ans). Bien qu’ils soient entourés d’autres jeunes de leur âge, les enfants âgés de 2 à 3 ans jouent habituellement côte à côte sans trop interagir entre eux (à savoir, des jeux parallèles). Au fur et à mesure que leurs aptitudes cognitives se développent, notamment leur habileté à imaginer, à imiter et à comprendre les croyances et les intentions des autres, les enfants commencent à prendre part à des jeux sociodramatiques. En interagissant avec des pairs du même âge, les enfants développent leur pensée narrative, leurs aptitudes de résolution de problèmes (p. ex., quand ils négocient les rôles à jouer) et une compréhension générale des modules d’une histoire. À peu près au même moment, les jeux physiques et locomoteurs sont aussi de plus en plus fréquents. Bien que les jeux locomoteurs comprennent généralement la course et l’escalade, les combats ludiques sont très courants, surtout chez les garçons âgés de 3 à 6 ans. Contrairement à la croyance populaire, les combats ludiques n’ont pas pour but de blesser intentionnellement sur le plan émotionnel ou physique, même s’ils peuvent sembler réels. En fait, pendant le primaire, uniquement environ 1 % des combats ludiques deviennent des agressions physiques graves. Néanmoins, les répercussions de tels jeux sont particulièrement inquiétantes chez les enfants qui adoptent un comportement antisocial et qui font moins preuve d’empathie, auquel cas, la supervision est justifiée.
De plus, selon les enfants, le contexte culturel influe sur la fréquence, le type et l’aire de jeu. Bien que le jeu renferme des éléments universels que l’on retrouve dans toutes les cultures (p. ex., jeux et activités traditionnels et préférences à l’égard des jeux axés sur le genre), il comprend également certaines différences. Par exemple, les enfants qui vivent dans des milieux ruraux s’adonnent généralement plus à des jeux libres et ont accès à de plus grandes aires de jeu. À l’inverse, les adultes doivent superviser plus souvent les enfants qui jouent dans les milieux urbains pour des raisons de sécurité. Dans le même ordre d’idées, les cultures ne considèrent pas le jeu de la même façon et elles y réagissent différemment. Certains adultes s’abstiennent de jouer, car le jeu représente une activité spontanée pour les enfants, tandis que d’autres favorisent l’importance du jeu structuré pour promouvoir le développement cognitif, social et émotionnel des enfants.
Selon les fervents du jeu pédagogique, certaines aptitudes et connaissances des enfants devraient être développées et c’est pourquoi le jeu doit comporter des objectifs jusqu’à un certain point. Playworlds (univers de jeu) est un exemple de pratique éducative où les enfants et les adultes interprètent une histoire pour enfants grâce aux arts visuels et plastiques, aux jeux de simulation et à la narration orale. Ces activités très engageantes encouragent les capacités de lecture et d’écriture des enfants, de même que l’intérêt dans les livres et la lecture, sans imposer une autorité et une hiérarchie parentales.
Que peut-on faire?
Si le jeu est lié au développement scolaire et social des enfants, les enseignants, les parents et les thérapeutes sont invités à enrichir leurs connaissances sur les différentes techniques, de façon à aider les enfants à développer leurs aptitudes pour le jeu. Toutefois, afin d’adopter des pratiques exemplaires, il serait justifié de faire d’autres recherches portant sur le jeu de grande qualité.
La documentation axée sur le jeu recommande la création d’environnements de jeu qui stimulent et encouragent l’apprentissage des enfants. Selon le type de jeu, les chercheurs suggèrent de fournir des jouets qui améliorent les aspects suivants chez les enfants :
- La coordination motrice (p. ex., des structures d’escalade qui mettent au défi);
- La créativité (p. ex., des cubes, de la peinture, de l’argile, de la pâte à modeler);
- Les aptitudes mathématiques (p. ex., le jeu de société de serpents et échelles – estimation, dénombrement et identification numérale);
- Les aptitudes du langage et de la lecture (p. ex., des lettres en plastique, des jeux de rime, dresser des listes de courses, des livres de chevet et des jouets pour simuler).
D’autres recommandations ont été formulées afin d’améliorer les capacités d’alphabétisation chez les enfants. Les chercheurs suggèrent que créer des environnements axés sur la lecture et l’écriture, comme un « vrai restaurant » avec des tables, des menus, des porte-noms, des crayons et des blocs-notes, permet d’améliorer les capacités de lecture et d’écriture pendant la petite enfance. On encourage également les éducateurs à adopter une méthode axée sur l’enfant qui porte non seulement sur le développement des capacités de lecture et d’écriture, mais également sur la créativité, l’imagination, la persévérance et l’attitude positive envers la lecture. Les enseignants et les éducateurs devraient établir un lien entre ce que les activités amusantes et le programme pédagogique peuvent apporter afin que les enfants puissent comprendre que jouer leur permet de mettre en pratique et de renforcer ce qu’ils ont appris en classe. Toutefois, les éducateurs devraient s’assurer qu’un programme pédagogique axé sur l’apprentissage par le jeu comprend des activités que les enfants, pas seulement les enseignants, considèrent comme amusantes. La plupart des experts s’entendent pour dire qu’une méthode équilibrée comprenant des périodes de jeux libres et des jeux structurés ou guidés devrait être mise de l’avant. En effet, les spécialistes encouragent les adultes à laisser de l’espace aux enfants durant les périodes de jeu, qu’ils aient des limitations ou non, afin de leur permettre de s’exprimer et de développer leur indépendance. Enfin, ils encouragent les parents dont les enfants souffrent de problèmes socioémotionnels à suivre une thérapie par le jeu (thérapie par le jeu filial) pour développer une compréhension empathique et une implication réceptive au cours des périodes de jeu.
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Pourquoi le jeu devrait-il faire partie de la vie de tous les enfants?
Le jeu est un phénomène universel et un droit des enfants. Il s’agit d’une activité spontanée, gratifiante et amusante qui offre de nombreux bénéfices :
Éducatifs : le jeu aide les enfants à développer des habiletés à la base de l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et des mathématiques.
Sociaux : le jeu offre des opportunités de socialiser avec des pairs du même âge, d’apprendre à comprendre les autres, de communiquer et de négocier.
Cognitifs : le jeu encourage les enfants à apprendre, à imaginer, à catégoriser et à résoudre des problèmes.
Thérapeutiques : le jeu permet aux enfants de s’exprimer sur des aspects troublants de leur quotidien comme des facteurs de stress, des traumatismes, des conflits familiaux et autres dilemmes.
Nos enfants vivent dans une époque d’horaires chargés où les attentes envers leur performance sont élevées; nous devrions nous assurer de leur donner le temps et l’espace nécessaires pour découvrir les joies et bénéfices du jeu libre.
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