La culture façonne les expériences et influencent le développement des enfants. Ce thème vous propose de comprendre le lien qui existe entre le développement des enfants et la culture, comment ces influences se manifestent et l’effet des différences culturelles sur les enfants de familles immigrantes.

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Culture

Culture : Comprendre les différences
Culture : Culture : Comprendre les différences
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Est-ce important?

Avec l’arrivée de la mondialisation et le nombre croissant de nations multiculturelles, il est devenu primordial d’étudier le lien qui existe entre le développement des enfants et la culture. Au sens large, la culture fait référence à un groupe qui partage les mêmes attitudes, croyances et pratiques transmises d’une génération à l’autre. Les cultures façonnent les expériences des enfants et le travail interculturel tente d’étudier les processus selon lesquels ces influences surviennent.

Deux cadres de travail distincts ont permis d’étudier le lien qui existe entre le développement des enfants et la culture. Généralement, le cadre étique est le plus souvent utilisé. Il consiste à mesurer un concept, comme la compétence sociale, qui semble pertinent à toutes les cultures. L’impossibilité d’étudier d’autres définitions plus appropriées d’un concept sur le plan culturel représente l’un des risques liés à ce cadre de travail. Par exemple, le « ren », ou la tolérance, est utilisé pour définir la compétence sociale en Chine et est observé lorsque les enfants se détachent des confrontations afin d’encourager l’adversaire à faire preuve de maîtrise de soi. Bien que ce construit diffère du concept de la compétence sociale dans les pays occidentaux, un cadre étique peut ne pas reconnaître la distinction. Ce cadre de travail peut également perturber la diffusion des connaissances, des pratiques et des traditions locales utilisées pour éduquer les enfants. Cependant, le cadre de travail émique considère la signification d’un concept, d’une pratique ou d’un principe donnés pour les membres d’un groupe culturel et constitue une méthode plus impartiale pour comprendre comment la culture influence le développement des enfants.

Les tendances culturelles au sens large ont été catégorisées selon les dimensions de l’individualisme et du collectivisme. L’individualisme fait référence aux idéologies occidentales concernant l’indépendance et la compétitivité, tandis que le collectivisme fait référence aux idéologies du Sud et de l’Est au sujet de l’interdépendance et de l’harmonie de groupe. Bien que ces dimensions coexistent au sein des nations, certaines cultures seraient plus individualistes ou collectivistes que d’autres. Un concept plus récent consiste à évaluer les cultures en fonction de leur degré de tightness et de looseness (resserrement/cultures contraignantes et relâchement/cultures libres) : Les cultures contraignantes encouragent une adhésion stricte aux normes sociales, tandis que les cultures libres tolèrent un large éventail de comportements et de relations. Quoi qu'il en soit, ces catégories permettent aux chercheurs de comprendre pourquoi le même comportement ou la même pratique ne veut pas dire la même chose d’une culture à une autre.

Il est essentiel de comprendre la culture pour soutenir les enfants et les familles, car les politiques et les programmes ne sont efficaces que s'ils sont adaptés aux valeurs, aux croyances et aux pratiques locales.

Que savons-nous?

La culture influence divers aspects du développement des enfants. Cela se produit à travers les contextes physiques et sociaux, les coutumes et les pratiques éducatives des enfants, et la psychologie des personnes qui prennent soin des enfants, en particulier les ethnothéories parentales concernant le développement de l’enfant et les habiletés parentales. Un enfant vivant au sein d’une culture ne comportant pas de système d’éducation officiel apprend en interagissant avec des adultes ou en les observant lorsqu’ils prennent part à des activités pertinentes sur le plan culturel (p. ex., dans la culture paysanne maya traditionnelle, les mères enseignent le tissage à leur fille). La culture joue également un rôle dans le développement socio-affectif en encourageant ou en décourageant certains comportements. La signification des comportements peut varier d'une culture à l'autre, tout comme les réactions des parents et des pairs. Bien que la plupart des connaissances actuelles en matière de développement socio-affectif proviennent d’études effectuées auprès d’enfants d’Amérique du Nord, il existe une variabilité culturelle. Par exemple, les enfants provenant de pays orientaux, comme la Corée, jouent moins à des jeux de simulation que les enfants provenant des pays occidentaux. Lorsque les enfants des cultures orientales prennent part à ce type de jeux, ils imitent souvent un membre de la famille, mais rarement un personnage de contes de fées. L'accent exagéré mis sur l’apprentissage et la culture ciblée de compétences étroites dès la petite enfance par le biais de jouets et de jeux éducatifs spécifiques, y compris les jeux numériques, devient également une caractéristique de la culture de l'enfance d'aujourd'hui.

De plus, le tempérament diffère selon les cultures. Les enfants d’âge préscolaire de la Corée et de la Chine sont souvent plus anxieux, introvertis et renfermés, et moins sociables que leurs pairs de l’ouest de l’Europe. Alors que dans la culture occidentale, le comportement inhibé d’un enfant est associé à un risque de relations difficiles avec ses pairs et à des problèmes d’intériorisation (p. ex., solitude et dépression), ces difficultés sont beaucoup moins fréquentes chez les enfants inhibés des cultures orientales. Des recherches longitudinales menées en Chine ont révélé que l'inhibition comportementale précoce permettait de prédire positivement les compétences sociales, la réussite scolaire et l'adaptation psychologique au cours de l'enfance et de l'adolescence. Ces différences peuvent s’expliquer par la signification liée à ces comportements. Dans les cultures occidentales, un enfant inhibé est perçu comme craintif et manquant de compétences sociales. Dans les cultures de l’Asie de l’Est, où l’harmonie de groupe est valorisée, un enfant introverti est considéré comme étant compétent socialement, obéissant et poli, bien que des résultats récents établissant un lien entre le retrait social et le rejet par les pairs dans certains pays d'Asie orientale suggèrent que cela pourrait changer.

Les enfants provenant de cultures axées sur l’interdépendance ont tendance à être moins agressifs et plus prosociaux que les enfants qui proviennent de nations où l’indépendance et la compétitivité sont valorisées. Plus de mères chinoises que de mères européennes et américaines croient que leur enfant devrait être prosocial afin de se conformer aux normes d’un groupe (p. ex. : être accepté) et préconisent la maîtrise de soi comme pratique éducative. Peu importe la culture, partout dans le monde les enfants prosociaux et non agressifs sont appréciés des autres enfants.

Quand les familles immigrantes passent d’une culture axée sur l’interdépendance à une culture axée sur l’indépendance, les enfants peuvent recevoir des messages de socialisation contradictoires à la maison et à l’école. Le Bridging Cultures Project a été conçu pour éliminer ce conflit de valeur interculturel en formant les enseignants de manière à ce qu’ils comprennent les deux cultures et qu’ils établissent un lien entre elles en classe.

De plus, l’amitié n’a pas la même signification d’une culture à l’autre. Dans certaines cultures, les enfants n'ont que rarement des amitiés extra-familiales et leurs “amis" sont surtout des frères et sœurs ou des cousins. Dans les pays comme Cuba et la Corée, où l’amitié représente un index de réussite, les enfants d’âge scolaire entretiennent des relations plus étroites avec leurs pairs que les enfants nord-américains. Les enfants provenant des cultures orientales font également preuve de détachement pour résoudre des conflits avec des amis, tandis que chez les Occidentaux, ils préfèrent négocier avec leurs pairs.

Que peut-on faire?

L’importance de la culture oblige les praticiens et les décideurs à s’informer sur la culture et le développement des enfants. Ce problème est urgent pour les nations hôtes, où combler les besoins d’une population diverse d’enfants immigrants différente sur le plan de l’acculturation (changements découlant de la rencontre des cultures) constitue bien plus qu’un simple problème linguistique. Les familles immigrantes devraient également être informées de la façon dont les différentes idéologies peuvent contribuer aux difficultés qu’éprouve leur enfant avec ses pairs dans le pays hôte. Afin de faciliter le plus possible l’adaptation de ces enfants, des alliances positives pourraient notamment être nouées avec des familles et des collectivités. 

La communication sensible à la culture, basée sur l'appréciation mutuelle des diverses perspectives, est fondamentale pour la programmation de l'éducation de la petite enfance. Les travailleurs sur le terrain doivent suivre une formation afin d’apprendre à être sensibles aux cultures pour comprendre la signification de la conduite d’un enfant, ce qui leur permettra de déterminer si cette conduite est normale ou problématique. Le Bridging Cultures Project vise à donner une formation aux enseignants du préscolaire et du primaire afin de les conscientiser sur la culture collectiviste ou familiale qu’apportent dans le contexte scolaire les enfants provenant du Mexique ou de l’Amérique centrale. Le perfectionnement professionnel Bridging Cultures permet également aux enseignants de prendre conscience de la valeur individualiste bien enracinée à l’école et des conflits de valeur entre ces deux cultures différentes. Les enseignants qui reçoivent une formation Bridging Cultures ont acquis plusieurs techniques leur permettant d’établir un lien entre le collectivisme familial des immigrants latino-américains et de l’individualisme d’une école américaine.

Dans certains cas, les professionnels ont besoin d’une méthode tout à fait unique qui comporte des buts et des conditions propres aux croyances et aux traditions locales. De plus, ces changements sont susceptibles d’encourager les membres d’une communauté culturelle à prendre part à l’éducation de leurs jeunes enfants. Par exemple, les communautés autochtones canadiennes favorisent un programme d’enseignement officiel qui enseigne aux enfants leur histoire, leurs descendants et leurs rôles culturels. Ils font également valoir que les enfants peuvent apprendre plus facilement grâce à un regain de maîtrise de soi et en mettant l’accent sur les forces plutôt que sur les faiblesses.

Il convient d'être prudent lorsque l'on utilise des méthodologies standardisées pour des comparaisons internationales et que l'on exporte de soi-disant "meilleures pratiques" dans des contextes culturels et nationaux qui sont fondamentalement différents de leur source. Les politiques et les programmes d'intervention réussis sont ceux qui se sont adaptés aux croyances, aux pratiques et aux réalités culturelles locales, permettant aux familles d'intégrer les services en douceur dans leur vie.
 

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Comment la culture modèle-t-elle le développement de l’enfant?

À travers leur culture, les enfants apprennent les comportements et les tempéraments qui sont valorisés ou découragés.

Par exemple, l’indépendance et l’estime de soi sont valorisées dans certaines cultures, tandis que d’autres favorisent l’interdépendance et les liens étroits. La tendance universelle veut que les enfants au caractère prosocial et qui ne sont pas agressifs soient préférés des autres enfants. 

Les éducateurs de la petite enfance devraient être formés afin de comprendre et d’intégrer les orientations culturelles à leur classe. Les programmes d’intervention devraient toujours être assez flexibles pour s’adapter à la culture et pour aider les familles à inclure progressivement les services dans leur vie.

Publications

L’influence de la culture sur le développement socioaffectif des jeunes enfants

Culture et développement social

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