Le châtiment corporel


1Duke University, Center for Child and Family Policy, États-Unis, 2Chiang Mai University, Department of Psychiatry, Thaïlande, 3Maseno University, Kenya
, Éd. rév.

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Introduction

L’une des principales responsabilités des parents et des enseignants est d’encourager les comportements souhaitables des enfants et de gérer leurs mauvais comportements lorsqu’ils surviennent. Les parents et les enseignants ont plusieurs options pour gérer les comportements des enfants, qui vont de l’orientation proactive visant à prévenir les mauvaises conduites avant qu’elles se produisent aux méthodes réactives de punition suite à un mauvais comportement. La façon la plus controversée par laquelle certains parents et enseignants tentent de gérer le comportement des enfants est sans doute le châtiment corporel (CC), qui a été défini comme l’emploi de la force physique par un adulte pour causer une douleur, mais pas une blessure, dans le but de corriger ou contrôler un comportement inapproprié de l’enfant.1 Cet article se concentre sur l’utilisation du CC par les parents plutôt que par les enseignants, car plus d’enfants en sont victimes à la maison qu’à l’école. De plus, la majorité des recherches sur le sujet ont porté sur l’emploi du CC par les parents. Cependant, plusieurs des problématiques décrites s’appliquent au CC en général, qu’il se produise à la maison ou à l’école. 

Sujet

Le CC est largement utilisé par les parents et tuteurs à travers le monde. Dans une étude sur l’utilisation du CC par les parents ou tuteurs d’enfants de 2 à 4 ans menée auprès de 30 470 familles provenant de 24 pays à revenu faible et intermédiaire, 63 % des dispensateurs de soins primaires ont rapporté qu’une personne dans leur foyer avait utilisé une punition corporelle envers leur enfant au cours du dernier mois.2 De plus, 29 % des parents ou tuteurs ont rapporté qu’ils croient en la nécessité d’utiliser le CC pour élever un enfant correctement.2 Dans une étude menée auprès de 1 417 familles comportant des enfants de 7 à 9 ans dans neuf pays, plus de la moitié des enfants avaient reçu une punition corporelle au cours du dernier mois.3 Même avec cet échantillon d’enfants plus âgés, 17 % des parents croyaient en la nécessité d’utiliser le CC pour élever leur enfant.3

Malgré l’utilisation répandue du CC, il existe une large gamme d’attitudes à son égard et de grandes différences dans son utilisation entre les pays et au sein de chacun d’eux. En ce qui concerne les attitudes, entre 27 et 38 % de la variance des croyances des parents quant à la nécessité d’utiliser le CC peut être expliquée par le pays dans lequel ils vivent.2 En ce qui concerne l’utilisation du CC, la réaction auto-rapportée la plus commune en Jamaïque suite à une mauvaise conduite de l’enfant est de le fouetter ou de le battre.4 Également, 40 % des parents en Mongolie ont rapporté avoir vu quelqu’un dans leur foyer battre un enfant au cours du dernier mois et 44 % des parents gambiens ont rapporté avoir vu un enfant être frappé avec un objet au cours du dernier mois.2 À l’autre extrême, la Suède devenait le premier pays en 1979 à interdire légalement le CC à la maison. Il est maintenant interdit légalement dans les écoles dans plus de 100 pays et banni dans tous les contextes (incluant à l’école et à la maison) dans 63 pays.5 Dans certains des pays où le CC est interdit légalement, les attitudes à son égard ont commencé à changer avant son interdiction légale, ce qui a permis à cette interdiction d’être acceptée par la population; puis, après la création des lois, des changements additionnels dans les attitudes et les comportements se sont produits.6 Dans d’autres pays, des interdictions légales ont été adoptées dans le but de modifier les attitudes et les comportements. Il existe une variabilité entre les pays quant à la façon dont les parents et les enseignants adhèrent à l’interdiction légale. En plus de ces différences notables entre les pays, il y a aussi des différences au sein de chacun en ce qui concerne l’utilisation du CC par les parents, qui peuvent être expliquées par une variété de facteurs sociodémographiques et de facteurs propres à l’enfant ou au parent.

Problèmes

Le CC est une question relative aux droits de l’Homme qui a pris une ampleur croissante à l’échelle mondiale au cours des dernières décennies. En 1989, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). À ce jour, tous les pays à l’exception des États-Unis, ont ratifié la CIDE. Les pays qui l’ont ratifiée sont donc obligés d’examiner leurs politiques, leurs lois et leurs normes culturelles pour s’assurer qu’elles respectent le droit des enfants à la protection.7 Les Nations Unies considèrent officiellement la violence physique à l’égard des enfants (incluant le CC) comme une violation de leurs droits en vertu de la CIDE et ont fixé l’objectif de « mettre fin à la justification de l’utilisation de la violence envers les enfants, qu’elle soit acceptée en tant que « tradition » ou déguisée sous forme de « discipline » ».8(p5) Les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, qui guident l’agenda international jusqu’en 2030, ont réitéré l’objectif de « mettre fin à la maltraitance, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture à l’encontre des enfants ». Les progrès vers la réalisation de cet objectif sont mesurés par le pourcentage d’enfants ayant subi un châtiment corporel ou une agression psychologique (par ex., traiter l’enfant de paresseux, de stupide ou d’autres insultes) de la part des personnes qui s’en occupent au cours du dernier mois.9

Il a été montré que le CC, en plus de contrevenir aux droits de l’Homme, est inefficace pour susciter des comportements souhaitables et constitue un facteur de risque pour une large gamme de problèmes d’adaptation de l’enfant.10,11 Par exemple, les victimes de CC sont plus à risque de développer des problèmes d’externalisation, comme l’agressivité et la délinquance, de même que des problèmes d’internalisation, comme la dépression et l’anxiété.10,11

Contexte de la recherche

Au moins trois facteurs sont importants pour décrire le contexte de la recherche sur le CC. Le premier est l’âge de l’enfant qui est puni. L’utilisation du CC par les parents atteint un sommet lorsque l’enfant est âgé entre 2 et 5 ans et décline par la suite.12 Pour comprendre la prévalence du CC et la façon dont il affecte l’adaptation des enfants, il est important de considérer l’âge des enfants impliqués.

Le second facteur est l’aspect multidimensionnel du CC. Il faut évaluer la fréquence à laquelle les parents l’utilisent, la sévérité avec laquelle il est administré (par ex., avec la main seulement ou avec un objet) et le contexte dans lequel il se produit (par ex., de façon omniprésente ou en dernier recours après des tentatives infructueuses de gérer le comportement par des moyens non-physiques). Les taux de prévalence qui indiquent la proportion de parents ayant déjà utilisé une forme quelconque de CC sont élevés (par ex., plus de 90 % des parents américains l’ont déjà utilisé).12 La fréquence avec laquelle le CC est utilisé varie selon l’âge des enfants.3,12 La haute fréquence, la grande sévérité et l’omniprésence du CC sont liés à une hausse des problèmes d’adaptation chez l’enfant.

Le troisième facteur caractéristique de la recherche sur le CC est la variabilité dans la rigueur méthodologique des études. Par exemple, les mesures de la fréquence, de la sévérité et de la nature des CC administrés varient entre les études. Les études peuvent aussi reposer sur des échantillons probabilistes ou empiriques, être transversales ou longitudinales, recueillir des données actuelles ou rétrospectives, et contrôler ou non pour des variables confondantes qui pourraient expliquer autrement les liens entre le CC et l’adaptation des enfants. Ces caractéristiques méthodologiques des études ont des implications sur les conclusions qu’on peut en tirer. Par exemple, dans les études où les problèmes de comportements initiaux de l’enfant sont contrôlés statistiquement lors de l’analyse des liens entre le CC et les problèmes de comportement, on peut évaluer si le CC mène à une augmentation des problèmes de comportement, en plus de ceux qui existaient antérieurement et qui ont pu susciter l’utilisation du CC.

Questions clés de la recherche

La recherche a abordé quatre questions clés en matière d’utilisation du CC par les parents. Premièrement, de quelle façon le CC affecte-t-il l’adaptation comportementale, cognitive et sociale ultérieure des enfants? Deuxièmement, par quels mécanismes le CC affecte-t-il l’adaptation ultérieure des enfants ? Troisièmement, est-ce que le CC affecte tous les enfants de la même façon ou est-ce que certaines caractéristiques des enfants ou du contexte dans lequel il est utilisé le rendent plus ou moins préjudiciable pour certains enfants que pour d’autres ? Quatrièmement, quels facteurs prédisent l’utilisation du CC par les parents?

Résultats récents de la recherche

Une grande quantité de recherches suggèrent que le CC est lié à plusieurs problèmes d’adaptation ultérieurs. Dans une méta-analyse classique de 88 études, il a été montré que le CC permet de prédire une augmentation de l’agressivité, des comportements délinquants et antisociaux, des problèmes de santé mentale et du risque de maltraitance physique au cours de l’enfance, ainsi qu’une diminution de l’intériorisation morale et de la qualité des relations parent-enfant.10 La même méta-analyse a conclu que les enfants victimes de CC commettaient plus d’agressions à l’âge adulte, avaient plus de comportements criminels et antisociaux, plus de problèmes de santé mentale et étaient plus à risque d’être eux-mêmes violents envers leur conjoint ou leur propre enfant.10 Dans la méta-analyse, la seule conséquence positive prédite par le CC était l’obéissance immédiate de l’enfant.10 

Le CC prédit aussi un certain nombre de problèmes cognitifs, dont un quotient intellectuel plus faible.13,14 Cependant, ces résultats restent controversés, car quelques chercheurs soutiennent que le lien entre le CC et les problèmes d’adaptation des enfants ne signifie pas que le CC entraîne un développement plus problématique mais témoigne plutôt du fait que les enfants ayant plus de problèmes de comportements suscitent plus de discipline de tous les types, incluant le CC.15,16 Ces chercheurs rappellent aussi les limites méthodologiques de la recherche sur le CC (par ex., le fait que ce soit les mères qui rapportent à la fois leur propre comportement et le comportement de l’enfant, ce qui mène à l’inflation des corrélations parce que l’information provient d’une seule source) pour soutenir que les résultats disponibles ne sont pas suffisants pour établir un lien causal entre l’utilisation du CC et les problèmes d’adaptation subséquents des enfants.15,16 Toutefois, étant donné les nombreux risques liés au CC et le manque d’appuis empiriques à l’effet qu’il améliore les comportements des enfants (ce qui devrait vraisemblablement être le but des parents lorsqu’ils l’utilisent), les risques de l’employer semblent trop grands pour être ignorés.

Certaines études suggèrent que l’un des mécanismes majeurs par lequel le CC affecte l’adaptation ultérieure des enfants passe par leur perception de la chaleur et de l’acceptation versus de l’hostilité et du rejet dont leurs parents font preuve à leur égard.17 Si le CC amène les enfants à percevoir que leurs parents sont hostiles et les rejettent, alors ces perceptions mèneront à l’escalade des problèmes de comportement des enfants et à une altération de la qualité de leurs relations sociales. Cependant, si les enfants continuent de percevoir que leurs parents sont chaleureux et les acceptent, alors l’utilisation du CC peut ne pas mener à des problèmes d’adaptation chez les enfants. Un enjeu important lié au CC est qu’il est souvent administré dans le feu de l’action, sous le coup de la colère. Par exemple, dans une étude menée auprès de parents américains de classe moyenne de descendance principalement européenne, 85 % des répondants ont rapporté qu’ils ressentent des niveaux modérés à élevés de colère, de remords et d’agitation lorsqu’ils doivent faire face à un comportement indésirable de leur enfant.18 Dans un autre échantillon composé de mères américaines, 54 % des répondantes ont rapporté que l’utilisation du CC n’était pas appropriée dans plus de la moitié des cas où elles l’avaient utilisé.19 Si les enfants perçoivent que leurs parents ont perdu le contrôle et déchaînent leur colère sur eux, ces réactions cognitives et émotionnelles au CC peuvent mener à une adaptation ultérieure plus problématique.20 

Un autre mécanisme par lequel le CC affecte l’adaptation des enfants passe par l’altération de leur traitement cognitif de l’information sociale. Par exemple, comparativement à des enfants qui ne subissent pas de punition corporelle, ceux qui en subissent sont plus susceptibles de percevoir une intention hostile dans le comportement des autres, de générer des solutions agressives dans des situations sociales provocantes et de considérer l’agressivité comme une bonne façon d’agir en contexte social.21 Chacun de ces biais cognitifs accroît en retour la probabilité que les enfants se conduisent de façon agressive.22

Tous les enfants ne réagissent pas au CC de la même façon; plusieurs facteurs peuvent altérer la façon dont le CC est relié à l’adaptation des enfants. L’un de ces facteurs est la normativité culturelle du CC. Dans une étude menée auprès de répondants provenant de six pays (Chine, Indes, Italie, Kenya, Philippines et Thaïlande), l’utilisation plus fréquente du CC par les mères était reliée à des niveaux plus élevés d’agressivité et d’anxiété chez les enfants dans tous les pays représentés. Toutefois, l’association entre le CC et les problèmes d’adaptation était plus forte dans les pays où l’utilisation du CC n’est pas normative et plus faible dans les pays où elle l’est.23 Certains résultats suggèrent également que le CC est plus néfaste s’il est administré à des enfants de moins de deux ans ou de plus de 13 ans, s’il est utilisé plus souvent qu’une fois par semaine et s’il est sévère (par ex., administré avec des objets plutôt qu’avec la main nue).24

Bien que la plupart des recherches aient porté sur les problèmes d’adaptation que le CC permet de prédire, une plus petite quantité d’études ont investigué les facteurs prédicteurs de l’utilisation du CC par les parents. Ces facteurs regroupent des facteurs démographiques, des caractéristiques du comportement de l’enfant et des facteurs propres aux parents. Par exemple, les parents sont plus susceptibles d’employer le CC s’ils ont des enfants au tempérament difficile ou si le niveau de stress familial est élevé.25 Des contextes culturels particuliers rendent aussi les parents plus ou moins susceptibles d’utiliser le CC. Par exemple, selon des données ethnographiques recueillies par des anthropologistes dans 186 sociétés préindustrielles, le CC est plus prévalent dans celles où le degré de stratification sociale est élevé et où le processus décisionnel politique est non-démocratique, peut-être parce que les parents cherchent à socialiser les enfants pour qu’ils puissent fonctionner dans une société où les pouvoirs sont inégaux et où les comportements soumis et obéissants sont particulièrement valorisés.26 De plus, plusieurs groupes religieux et culturels endossent le châtiment corporel par le biais d’adages comme « qui aime bien châtie bien ».27 

Globalement, la meilleure description que l’on puisse faire de la littérature scientifique actuelle est qu’elle démontre que les problèmes de comportement des enfants et l’utilisation du CC par les parents devraient être considérés comme des parties d’un même système réciproque dans lequel les problèmes de comportement des enfants suscitent une punition corporelle, qui mène ensuite à une escalade des problèmes de comportement des enfants et à d’autres CC, le tout formant un cycle coercitif qui se perpétue au fil du temps.28,29 Par conséquent, la recherche axée à la fois sur les facteurs qui prédisent l’utilisation du CC par les parents et sur les conséquences du CC pour l’enfant captent mieux la grande complexité de ce système bidirectionnel. De plus, l’avancement des connaissances sur le sujet passera par l’inclusion dans les études de mécanismes permettant d’expliquer les associations observées au fil du temps et d’autres facteurs pouvant altérer les liens entre le CC et l’adaptation de l’enfant.

Lacunes de la recherche

Malgré les grands progrès effectués dans la compréhension des associations complexes entre le CC et l’adaptation des enfants, la recherche sur ce sujet comporte toujours des lacunes, dont la suivante. Jusqu’à présent, peu d’études ont tenté de comprendre comment les facteurs génétiques interagissent avec les CC pour modifier le développement des enfants. Or, les facteurs génétiques et environnementaux interagissent pour façonner les comportements. Une étude a démontré que le risque de conduite délinquante conféré par un génotype particulier de la monoamine oxydase A était exacerbé par l’expérience du CC.30 Il sera important d’inclure des facteurs génétiques dans les études à venir, à la fois pour départager les influences génétique et environnementale sur l’adaptation des enfants et pour comprendre comment elles agissent de concert.

Conclusions

Une grande proportion de parents utilisent le CC pour essayer de gérer le comportement de leurs enfants, mais une prépondérance de preuves indique que le CC a l’effet indésirable d’accentuer les problèmes comportementaux des enfants au lieu de les réduire. Le mécanisme qui lie l’utilisation du CC et les problèmes d’adaptation ultérieurs des enfants passe par les perceptions cognitives et émotionnelles qu’ont les enfants du CC. De plus, des facteurs contextuels comme la normativité culturelle peuvent renforcer ou affaiblir les liens entre le CC et l’adaptation des enfants. Des facteurs sociétaux et les problèmes de comportements antérieurs des enfants influencent aussi la probabilité que les parents utilisent le CC.

L’utilisation du CC est problématique pour deux raisons. La première est que les recherches scientifiques démontrent l’absence de bénéfices du CC pour susciter les comportements désirés à long terme et montrent plutôt ses nombreux risques pour l’adaptation des enfants. Le second problème est éthique et moral plutôt que scientifique. Au cours des dernières décennies, la communauté internationale a accordé une importance croissante à l’élimination de la violence (dont le CC) à l’égard des enfants, afin d’assurer le droit des enfants à la protection, tel que stipulé dans la Convention internationale des droits de l’enfant.

Implications pour les parents, les services et les politiques

De nombreuses organisations professionnelles ont plaidé pour l’abolition des châtiments corporels. Par exemple, l’American Academy of Pediatrics (Académie américaine de pédiatrie) a publié une déclaration politique à l’effet que l’utilisation du CC est « peu efficace à court terme et pas efficace à long terme », et a recommandé que « les parents soient encouragés et aidés à développer des méthodes autres que la fessée pour gérer les comportements indésirables ».31(pp 1,2) Au-delà du niveau individuel, les Nations Unies, l’Organisation mondiale de la santé et d’autres organismes internationaux ont fait campagne pour que les pays interdisent légalement l’utilisation du CC dans tous les contextes.32 

En partie suite à leur obligation d’assurer le droit des enfants à la protection contre la violence, tel qu’énoncé dans la Convention internationale des droits de l’enfant, les pays ont graduellement incorporé de plus en plus d’interventions éducationnelles et comportementales liées au CC dans leurs programmes parentaux nationaux.33 Ces programmes ont pris une variété de formes. Certains proposent des interventions préventives visant à réduire le stress, la consommation de substances et la pauvreté des parents et à améliorer leur accès à des services de support pour tenter de réduire leur utilisation du CC.34 Une autre approche a été d’offrir aux parents de l’information sur les risques du CC et sur des méthodes de discipline alternatives non-violentes. Par exemple, aux Philippines, le Parent Effectiveness Service est un programme de parentage multidimensionnel qui propose de l’information pour aider les parents à gérer le comportement de leurs jeunes enfants.33 Une troisième approche a été de lancer des campagnes de sensibilisation publique dans le cadre de stratégies nationales de réduction du CC à la maison. Par exemple, l’interdiction légale d’utiliser le CC était imprimée sur les cartons de lait en Suède au moment de l’entrée en vigueur de la législation à cet effet.6 D’autres interventions visent à réduire l’utilisation du CC par les enseignants et à favoriser la discipline positive en milieu scolaire.35 

Étant donné l’utilisation répandue du CC et la croyance aussi répandue, dans certains pays, selon laquelle il est nécessaire de l’utiliser pour élever un enfant, les initiatives entreprises pour éliminer la violence à l’égard des enfants devront cibler cette croyance et offrir aux parents et tuteurs des alternatives non-violentes pour remplacer le CC. Le défi sera de travailler avec les adultes pour concevoir des stratégies alternatives de gestion du comportement des enfants qui ne reposent pas sur l’utilisation du CC.

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Pour citer cet article :

Lansford JE, Tapanya S, Oburu PO. Le châtiment corporel. Dans: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Tremblay RE, éd. thème. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [en ligne]. https://www.enfant-encyclopedie.com/violence-sociale/selon-experts/le-chatiment-corporel. Actualisé : Avril 2022. Consulté le 26 avril 2024.

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