L’impact du faible revenu sur le développement psychosocial de l'enfant. Commentaires sur Duncan et Magnuson, et de Weitzman


Harvard University, États-Unis
, 2e éd.

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Introduction

D'une part, Greg J. Duncan et Katherine A. Magnuson ont résumé de manière concise et fort élégante les effets de la pauvreté sur le développement prénatal, immédiatement postnatal et psychosocial des enfants. D'autre part, Michael Weitzman a proposé un article remarquablement complet et concis sur le faible revenu et son impact sur le développement des enfants. Dans les deux cas, il ne fait aucun doute que les auteurs sont très bien renseignés sur les interactions entre la pauvreté et le développement des jeunes enfants.

Conclusions des études

Selon la communication des docteurs Duncan et Magnuson :

  • en moyenne, les enfants qui grandissent dans des familles à faible revenu connaissent plus de problèmes psychosociaux que les enfants qui grandissent dans des familles à revenu élevé;
  • ceci dit, la recherche n'a pas établi de liens causaux importants entre la faiblesse du revenu familial et des problèmes psychosociaux chez les enfants ; les caractéristiques corrélées aux familles à faible revenu (telles que la structure familiale) semblent être plus importantes;
  • d'autres études devront être réalisées pour déterminer quels sont les corrélats du faible revenu qui sont les plus susceptibles de répondre positivement aux interventions.

Il est possible, toutefois, que les impacts de diverses interventions auprès des enfants et des familles vivant dans la pauvreté aient été sous-représentés dans l’article de Duncan et Magnuson. Ces derniers ont à juste titre mis l'accent sur les politiques économiques et indiqué que la redistribution des revenus pourrait améliorer de manière sensible le sort des enfants. Cependant, ils n'ont pas tenu adéquatement compte de l'impact de divers programmes d'intervention précoce comme les programmes Head Start et de garde de jour (qui ont donné des résultats à court et à moyen terme), malgré le très grand nombre d'études qui ont été consacrées au programme Head Start et aux études sur les interventions précoces de David Weikart.

Le docteur Weitzman, qui connaît à fond cette documentation, en présente des interprétations fort pertinentes et utiles. J'ai été étonné par la concision de sa synthèse de ce corpus complexe. Son principal argument peut se résumer ainsi :

  • il existe de nombreuses variables de confusion et de nombreux mécanismes par le biais desquels la pauvreté influe négativement sur le développement psychosocial des enfants;
  • il est possible que les enfants pauvres soient plus affectés par des événements indésirables que d'autres enfants dans des circonstances semblables (p. ex., l’empoisonnement au plomb ou le retard staturo-pondéral) ;
  • les premières années de vie représentent une période de vulnérabilité particulière pendant laquelle la pauvreté aurait des effets plus nocifs que plus tard dans la vie.

Cependant, le docteur Weitzman aurait pu parler un peu plus des incidences sur la santé de la pauvreté et d'autres facteurs défavorables tels que le faible poids à la naissance. Pendant de nombreuses années, la fondation Robert Wood Johnson a subventionné l'Infant Health and Development Program (IHDP), qui a produit une quantité considérable de données longitudinales sur les effets des programmes d'intervention sur la santé et le développement des enfants ayant un faible poids à la naissance. Les effets de la pauvreté peuvent être discernés dans ces données.

Implications pour l'élaboration des politiques et le développement des services

Les docteurs Duncan et Magnuson ont noté plusieurs des grandes considérations politiques en ce qui a trait au revenu familial et de ses incidences sur le développement des enfants. Ils nous ont également rendu service en proposant des options politiques destinées à améliorer les issues développementales chez les enfants grâce à l'amélioration de la situation économique des familles à faible revenu. Tout en reconnaissant au revenu familial un effet causal prépondérant sur le développement cognitif et économique des enfants et sur leur rendement scolaire, les docteurs Duncan et Magnuson disent que l'amélioration de la situation économique ne suffira pas nécessairement à résoudre les problèmes de développement psychosocial et comportemental. Sans ignorer totalement l'importance éventuelle des programmes d'intervention, ils insistent beaucoup trop étroitement sur la problématique du revenu et de sa redistribution.

Les docteurs Duncan et Magnuson ont présenté avec beaucoup de justesse les implications politiques liées à la problématique du revenu familial et les bienfaits qu'on pourrait éventuellement obtenir en aidant les familles à sortir de la pauvreté. Cependant, en dépit du fait qu'ils connaissent bien les études qui s'y rapportent, ils n'ont pas tenu suffisamment compte du potentiel des programmes d'intervention.

À ce propos, c'est au docteur Weitzman que nous devons la formulation de plusieurs implications fort à propos en matière de politique. Sa communication examine tout un éventail de programmes d'intervention ciblant des enfants en milieu pauvre et fait une excellente synthèse des questions sanitaires, développementales et politiques relatives au développement de ces enfants. Le docteur Weitzman soutient aussi que rien nous oblige à attendre le jour où la pauvreté aura (idéalement) été complètement éliminée pour venir en aide aux enfants pauvres en leur assurant aux divers stades de leur croissance des influences positives.

Pour citer cet article :

Richmond J. L’impact du faible revenu sur le développement psychosocial de l'enfant. Commentaires sur Duncan et Magnuson, et de Weitzman. Dans: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [en ligne]. https://www.enfant-encyclopedie.com/pauvrete-et-grossesse/selon-experts/limpact-du-faible-revenu-sur-le-developpement-psychosocial-de. Actualisé : Août 2007. Consulté le 9 décembre 2024.

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