Pour faire la distinction entre l’agitation et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), il faut comprendre ses origines, son développement, les mythes et les préjugés qui l’entourent, comment le reconnaître et les meilleures stratégies d’intervention.

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Hyperactivité et inattention (TDAH)

TDAH : aider votre enfant à porter attention
Hyperactivité et inattention (TDAH) : TDAH : aider votre enfant à porter attention
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Synthèse

Éditeur au développement du thème : Russell Schachar, M.D., University of Toronto, Canada


Est-ce important?

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui se caractérise par un niveau d’agitation, d’impulsivité et d’inattention constant et atypique qui empêche l’enfant de fonctionner normalement dès son jeune âge. Il existe trois catégories de TDAH selon le genre de comportements les plus manifestes : 1) principalement inattentif 2) hyperactif-impulsif; et 3) une combinaison des deux. Ce trouble est diagnostiqué lorsque l’enfant présente des symptômes qui le touchent dans plus d’une sphère de la vie, par exemple à l’école, à la maison ou dans la communauté. On estime que le TDAH touche de 5 à 10 % des enfants d’âge scolaire dans le monde entier et on observe un plus haut taux de prévalence chez les garçons que chez les filles. Dans 50 à 66 % des cas, le TDAH tend à être concomitant avec d’autres troubles psychiatriques ou développementaux (p. ex., anxiété, troubles de l’humeur, difficultés d’apprentissage ou langagiers, problèmes comportementaux et troubles du sommeil). Le TDAH persiste souvent à l’âge adulte. 

Chez les enfants, les symptômes du TDAH et ses troubles concomitants nuisent à leur fonctionnement et à leur comportement à l’école, ce qui se traduit par des taux plus faibles d’achèvement des études secondaires. Les symptômes peuvent également perturber les relations avec les membres de la famille et les pairs. Avec l’âge, ces personnes sont plus susceptibles d’éprouver des difficultés en matière d’emploi, de relations et de santé physique et mentale. Les adultes ayant eu des antécédents de TDAH pendant l’enfance présentent des risques plus élevés d’hospitalisation psychiatrique et d’incarcération, de divorce, de comportements sexuels et de conduite à risque, de visites accrues aux urgences, de blessures graves et de décès. En somme, le TDAH constitue un problème de santé publique important et peut engendrer des coûts personnels et sociaux élevés.

Que savons-nous?

On estime que le TDAH est causé par une interaction de facteurs génétiques et environnementaux. Les symptômes de ce trouble sont fortement héréditaires (76 %) et les nouvelles découvertes impliquent des variants génétiques qui jouent un rôle clé dans le développement du cerveau.

Des études indiquent par ailleurs que le TDAH partage des facteurs de risque génétiques avec d’autres affections comme l’autisme, la dépression et le diabète. De plus, les connaissances en neurosciences ont démontré sans équivoque que le cerveau des enfants atteints de TDAH diffère de celui des enfants en bonne santé. Parmi les facteurs de risque environnementaux, les chercheurs ont noté l’influence négative de la consommation de tabac et d’alcool de la mère pendant la grossesse, de la dépression maternelle, du faible poids à la naissance, des mauvaises pratiques parentales et du fait de vivre dans un quartier défavorisé.

Les enfants atteints d’un TDAH éprouvent plus de problèmes scolaires que leurs camarades de classe en raison de leurs difficultés neurocognitives et de leur comportement. Le TDAH est souvent lié à des déficits des fonctions exécutives (p. ex., la planification, l’organisation, le fait de porter attention aux détails importants et de refréner ses impulsions). Par conséquent, les enfants chez qui ce trouble est diagnostiqué ont davantage tendance à présenter des difficultés d’apprentissage ou langagiers. Des résultats obtenus à partir d’études examinant le fonctionnement du cerveau suggèrent que le TDAH est lié à une activité atypique dans le cortex frontal, la zone du cerveau responsable des processus cognitifs. Cela dit, il est important de noter que seulement un sous-groupe d’enfants d’âge scolaire aux prises avec un TDAH (30 %) présente des faiblesses sur le plan des fonctions exécutives, ce qui suggère que ces déficiences ne sont ni obligatoires ni suffisantes pour expliquer le trouble.

Que peut-on faire?

Diagnostic

C’est habituellement chez les enfants d’âge scolaire que l’on diagnostique le TDAH et qu’on traite le trouble. Cependant, la présence de symptômes d’hyperactivité-impulsivité ou d’inattention au cours des années précédant l’entrée à l’école est considérée comme essentielle dans l’établissement du diagnostic. Une observation directe de l’enfant peut donner une idée du diagnostic qui sera établi, mais même l’enfant qui présente le plus de symptômes peut être calme et attentif dans un environnement auquel il n’est pas habitué, comme chez le médecin. Les évaluations devraient donc se concentrer avant tout sur une description qui tient compte du comportement de l’enfant à la maison,  à l’école et lorsqu’il joue depuis son enfance jusqu’au jour de l’évaluation. Normalement, un entretien avec un spécialiste clinique donne l’occasion de discuter de la façon dont les parents et les enseignants ont réagi aux difficultés de l’enfant et de définir les stratégies qui ont fonctionné et celles qui ont échoué. Les évaluations ne devraient pas seulement porter sur les symptômes du TDAH; on devrait également tenter d’en apprendre sur les symptômes liés au trouble qui peuvent aussi être manifestés, comme l’anxiété, les troubles de l’humeur et les problèmes de comportement. Les parents ne savent pas toujours à quel point les situations stressantes peuvent troubler leur enfant. Un entretien effectué directement avec l’enfant peut donc être important dans le cadre de l’évaluation. Les troubles concomitants constituent un point important dans le traitement et leur présence peut influer sur l’efficacité de la thérapie.

Plusieurs cliniciens considèrent que les échelles d’évaluation complétées par les parents et les enseignants sont utiles dans le processus de diagnostique, car elles permettent d’obtenir une description du comportement de l’enfant qui peut facilement être comparée aux normes d’âge. Certains enfants affichant des niveaux élevés d’agitation, d’inattention et d’impulsivité accusent un retard de développement ou éprouvent des problèmes médicaux qui doivent être relevés au cours de l’évaluation. Les enfants ayant des problèmes d’apprentissage peuvent présenter des symptômes à l’école et lorsqu’ils font leurs devoirs parce qu’ils ont de la difficulté avec la matière. D’autres peuvent manifester des symptômes seulement à la maison, ce qui tend à révéler la présence d’un problème social, environnemental ou lié à des pratiques parentales. Il peut être très difficile de déterminer quel enfant éprouve des difficultés d’apprentissage particulières lorsqu’on se trouve chez le médecin. Par conséquent, une consultation avec un psychologue scolaire peut s’avérer efficace pour obtenir une vue d’ensemble des forces et des difficultés de l’enfant.

Interventions

Les traitements actuels du TDAH qui sont fondés sur les données probantes comprennent des traitements pharmacologiques et des interventions comportementales. Les stimulants (tels que le méthylphénidate, p. ex., RitalinMC), dont les formes de préparations à action brève ou prolongée diffèrent, jouent un rôle important dans le traitement du TDAH. Plus récemment, on a aussi vu apparaître sur le marché des médicaments non stimulants, comme l’atomoxétine. Ces médicaments peuvent aider un grand nombre de personnes touchées en leur permettant d’améliorer leur attention, la maîtrise de leurs impulsions et de réduire leur niveau d’activité. Les interventions comportementales intensives au cours desquelles on enseigne à la fois la maîtrise de soi à l’enfant et des stratégies parentales aux parents représentent aussi une méthode efficace. Une attention parentale positive, des récompenses pour les comportements souhaités et des conséquences négatives suite aux mauvais comportements (par ex., interdire aux autres enfants de jouer avec leur jouet favori) sont les procédures recommandées dans les traitements comportementaux. Les enseignants peuvent aussi appliquer des stratégies similaires dans leur classe. 
Les données accessibles indiquent que les meilleures interventions sont celles où l’on combine la médication à des interventions comportementales et à des programmes scolaires axés sur le comportement et l’apprentissage. Ces traitements doivent être intensifs et de longue durée si l’on désire obtenir des résultats optimaux. 

Cela étant dit, les effets de ces traitements actuellement ne sont pas maintenus à long terme et ont tendance à ne pas être généralisés à tous les milieux. Plus de recherches examinant les facteurs (individuels et contextuels) affectant l’évolution des traitements devraient être menées pour améliorer leurs bénéfices à long terme et dans différents contextes. 
 

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Plusieurs personnes croient que le TDAH apparaît durant les années préscolaires et que les symptômes qui y sont reliés sont évidents, c’est-à-dire que toute personne arriverait à la même conclusion. Or, cette perspective n’est pas toujours vraie.

Bien que chez les enfants d’âge préscolaire le diagnostic relève de la responsabilité des spécialistes, au quotidien, les parents sont les experts en ce qui a trait à leurs enfants. S’ils perçoivent que leur enfant est agité, inattentif ou impulsif, qu’il a du mal à contrôler ses réactions, a besoin de bouger ou a de la difficulté à attendre son tour, alors les intervenants devraient les écouter attentivement.

Dans des conditions idéales, les spécialistes travailleront avec les parents pour observer le comportement de l’enfant dans différents contextes et évaluer également si le problème vient d’ailleurs (p. ex., dans les attentes parentales, les stratégies d’adaptation, le niveau de stress ou la situation socio-économique).

Dans certains cas, le TDAH peut aussi devenir symptomatique beaucoup plus tard au cours du développement, après l’entrée à l’école ou même plus tard à l’âge scolaire.

Dans tous les cas, l’arbitre ultime pour poser un diagnostic est la présence de difficultés, que ce soit au plan social, scolaire ou émotionnel.

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Le TDAH peut affecter tous les aspects de la vie. Les enfants atteints de TDAH qui participent à des programmes de prévention précoces ont tendance à nécessiter ultérieurement moins de services dans les systèmes scolaire, judiciaire et de santé. La condition des enfants atteints peut aussi être améliorée en combinant à l’intervention éducationnelle, ou autre, un traitement pharmacologique. La médication peut aider à réduire la sévérité des symptômes afin de faciliter la mise en place d’une intervention.

Les interventions précoces peuvent aider les enfants à améliorer :

  • Leur contrôle de soi : contrôler leurs propres émotions et comportements

  • Leurs fonctions exécutives : structurer et planifier, prendre des décisions, faire preuve de jugement

  • Leurs habiletés sociales : se faire et conserver des amis, interagir et être à l’aise avec les autres

  • Leur succès scolaire : être capable de rester assis, d’écouter, de comprendre et de progresser convenablement selon leur stade développemental

Il peut être bénéfique à court et à long terme pour les jeunes enfants de recevoir de l’aide très tôt, car ceci peut atténuer les problèmes liés au TDAH tels que les troubles d’apprentissage, l’anxiété, la dépression et les troubles du comportement.

Publications

Le traitement du TDAH